Que connait-on vraiment de la lymphe ?
Lorsque nous parlons de système lymphatique, nous comprenons bien qu’il fait partie intégrante de notre organisme mais nous ne savons pas vraiment expliquer à quoi il sert ni comment il fonctionne. Au mieux, nous savons qu’il concerne les liquides du corps et qu’il est en lien avec l’immunité. Effectivement, ce sont bien les points forts de ce système .
La lymphe est un liquide constitué à 96% d’eau, de globules blancs, lymphocytes, de vitamines et minéraux, de déchets et de toxines. Ce liquide correspond au liquide interstitiel, c’est-à-dire qu’il circule grâce à ses propres canaux à l’extérieur de nos cellules, dans nos tissus. Il correspond à 15% du poids de notre corps, soit 8 à 10 litres alors que la quantité de sang est d’environ 5 litres pour un adulte.
Il n’a rien à voir avec la circulation sanguine car il n’utilise ni les veines, ni les artères. Il a ses propres canaux appelés vaisseaux lymphatiques.
Nous savons que dans la Grèce antique, on parlait déjà de « sang blanc », de « chyle » situé dans la zone des intestins, de « pneuma » ou « humeurs ». Les médecins grecs affirmaient déjà que « toute les maladies étaient dues à des variations de l’état des humeurs ».
C’est au moment de la Renaissance, qu’avec les dissections, les médecins démontrent le fonctionnement de la circulation sanguine. Puis Jean Pecquet en 1647 donne son nom à la « citerne de Pequet » un des éléments du système lymphatique, controversé de nos jours et ce n’est qu’en 1652 que le danois Thomas Bertelsen décrit ce système.
Toujours mis de côté, ce n’est qu’au 20ème siècle, qu’Emil Vodder va approfondir les travaux de Carrel (prix Nobel en 1912) et mettre au point une méthode manuelle toujours utilisée pour soulager certains symptômes tels que la sinusite. C’est seulement 20 ans après que sa méthode est approuvée.
Quel est le rôle du système lymphatique ?
Il assure la circulation de la lymphe dans l’organisme qui véhicule tous les déchets métaboliques des cellules qui sont trop gros pour être transportés par la voie sanguine. Il agit un peu comme « un aspirateur » pour maintenir propre le liquide interstitiel.
Les capillaires lymphatiques assurent cette circulation grâce aux contractions musculaires des tissus qui les entourent et aux filaments de Casley – Smith qui permettent au liquide d’entrer dans ces canaux. Ce qui signifie, que la circulation ascendante de la lymphe est dépourvue de pompe comme la circulation sanguine ; son déplacement est donc très lent (4 mm/s) et se termine dans la veine sous-clavière où la lymphe rejoint le système circulatoire.
Son trajet est ponctué de ganglions lymphatiques connus pour leur rôle immunitaire. Au nombre de 600 à 700 dans notre corps (dont 250 à 500 dans l’abdomen), ce sont de vraies centrales de contrôle qui vérifient l’ensemble des toxines véhiculées, épurent et mettent en route un système de défense lorsqu’une bactérie ou un virus est détecté. Dans ce cas, il y a un afflux de liquides qui augmente leurs volumes, allant du grain de riz à l’état normal à celui d’une olive en cas d’infection.
Ils sont regroupés et situés dans des zones du corps précises, à un niveau superficiel (épiderme) ou plus profond dans les tissus (abdomen).
Au regard des rôles importants de ce système, il va de notre santé que de le maintenir propre et fluide.
Qu’est-ce qui perturbe notre système lymphatique ?
L’équilibre de Starling est un jeu de pressions qui maintient la quantité de liquide interstitiel plus ou moins constant. Comme tout équilibre, ce liquide est en constantes variations, plus ou mois conséquentes selon les causes de ces changements. Rappelons-nous de l’adage grec qui stipulait que la mauvaise qualité de nos humeurs était source de troubles visant nos fragilités physiologiques.
Voici quelques raisons qui perturbent l’état de notre lymphe :
- La station debout ou assise prolongée, le manque d’exercice ; dans ce cas, elle stagne.
- Une alimentation raffinée, industrialisée …
- Hypoxie (mauvaise oxygénation)
- Le manque de repos, la fatigue
- Le stress
- Les changements hormonaux, la grossesse, un traitement progestatif, une pilule mal dosée, hypothyroïdie …
- Certaines pathologies rénales ou hépatiques
- Des chocs et blessures
- Les interventions chirurgicales
- Les inflammations des ganglions (lymphadénite)
- Les maladies du système lymphatique (lymphœdème, maladie de Hodgkin …)
Une mauvaise circulation lymphatique peut donc entrainer :
- Une immunité affaiblie
- Des douleurs et raideurs articulaires et musculaires
- La sensation de jambes lourdes
- Des fourmillements dans les membres
- Des troubles intestinaux
- Des troubles des sinus mais aussi sècheresse oculaire ou larmoiement
- Des troubles cardiaques ou pulmonaires
Comment savoir si votre lymphe circule bien ?
Le test de la pression sur une partie de notre corps qui semble engorgée est assez révélateur de l’état de notre lymphe. Si après avoir appuyé légèrement avec un doigt une trace persiste pendant quelques secondes, il y a de fortes chances que vous fassiez un peu d’œdème. L’eau s’accumule dans cette partie du corps.
- Avez-vous des marques de l’élastique de vos chaussettes ?
- Du mal à retirer vos bagues ?
- Des yeux gonflés au réveil, le visage boursouflé?
Autant de petits signes que votre lymphe s’engorge et demande à être fluidifiée. Nous avons vu que ce sont les mouvements musculaires qui entrainent le mouvement de la lymphe dans le corps. La pompe de la voute plantaire donne du rebond pour impulser la lymphe vers le haut, ce qui induit que la marche rapide et l’oxygénation vont améliorer son fonctionnement. Le trampoline, le vélo, la natation sont tout aussi intéressants.
Que faire pour l’entretenir ?
Une alimentation saine, qui répond aux besoins physiologiques de nos cellules, riche en fruits et légumes limitera la quantité de gros déchets métaboliques à évacuer. Leurs vitamines et leurs molécules anti-oxydantes luttent contre la rétention d’eau et favorisent la qualité des parois de toutes les cellules dont les parois des vaisseaux.
Pensez à boire de l’eau car son rôle est important. Elle régénère le liquide circulant dans les canaux lymphatiques, soit la lymphe ! Et nos cellules ont-elles-aussi, besoin d’être hydratées pour fonctionner au mieux.
Les omégas 3 (petits poissons gras, huile vierge de lin, cameline, noix) ont la même fonction. Ils renforcent les membranes de toutes nos cellules et soutiennent les parois de tous les vaisseaux.
Tout se qui limitera le stress (blocage du plexus solaire) favorisera la circulation de la lymphe (massage, yoga, qi gong, cohérence cardiaque, relaxation …)
Le brossage à sec du corps, pratiqué en douceur et en direction des ganglions lymphatiques, facilitera l’avancée de la lymphe vers la veine sous-clavière.
L’alternance du chaud et froid pendant la douche favorisera la microcirculation donc la stimulation des canaux lymphatiques.
En phytothérapie, le bourgeon de châtaignier (Castanea sativa) agit en profondeur sur les phénomènes d’œdèmes qui ne dépendent pas toujours des reins.
Les plantes médicinales qui soutiennent la circulation veineuse sont facilitent la circulation de la lymphe. Parmi elles, le pistachier lentisque (Pistacia lentiscus), le marron d’inde (Aesculus hippocastanum), la vigne rouge (Vitis vinifera), le mélilot (Melilotus officinalis)…
En aromathérapie, le cyprès toujours vert (Cupressus Sempervires), l’hélicryse (Helichrysum italicum)… en massage des jambes avec une huile végétale (dilution de 10 à 20% maximum) peut être ajoutés à la liste ; pensez à vous masser des pieds vers les hanches.
Et bien sûr, le massage drainant manuel est particulièrement adapté et efficace car il agit sur tous les niveaux de ce système.
Pratiqué sur le corps entier, avec des techniques très lentes de pompage et lissage, il procure également détente et bien- être.
Ses bienfaits sont multiples ; il permet de faciliter l’évacuation des gros déchets de l’organisme par conséquent, il laisse ce que l’on appelle le milieu intérieur propre.
Cela fera l’objet d’un prochain article.
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